Jacques Izoard   1936 - 2008

PRÉSENTATION
Avec opiniâtreté, Jacques Izoard – pseudonyme de Jacques Delmotte (1936 – 2008) – a poursuivi de 1962 jusqu’à sa mort l’élaboration de son œuvre poétique qui compte à ce jour une quarantaine de recueils (Ce manteau de pauvreté, 1962; La Patrie empaillée, 1973; Vêtu, dévêtu, libre, 1978) et contribue, à travers divers groupes, manifestations et revues (dont Odradek), à la diffusion de la poésie. Ses textes concis, en vers ou en prose, sont modernes par leur façon de rompre sans cesse la continuité sémantique et accessibles par leur sens du concret. Fruits d’une observation mobile et minutieuse, ils fragmentent les objets de l’environnement proche (et en particulier, le corps) auxquels ils confèrent une dimension parfois hallucinée.
BIBLIOGRAPHIE
PRIX
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NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Il était le poète du soudain. À ses yeux, sous ses doigts, ne valait que la sensation pure. Combien aura-t-il disséminé de ces textes fulgurants, qui sont autant de saisies sensuelles, d’images gravées au vif argent d’une mémoire inscrite dans « le passé qui reste et le présent qui passe » ?Avec la réédition de Vin rouge au poing, initialement publié en 2001, L’Arbre à paroles nous restitue la parole toujours vivace de l’homme à la fois délicat et caparaçonné, bourrelé de complexions intimes et d’une sensibilité à fleur de peau, que fut Jacques Izoard (1936-2008).À chaque page, une déambulation s’amorce, un départ se dessine en compagnie de ce flâneur impénitent, toujours piaffant de partir à la découverte de quelque atlas muet. Le voici arpentant…


Le Carnet et les Instants

Quand un poète disparaît, il y a deux solutions : soit le matériau de son œuvre, publié ou inédit, se disperse aux quatre vents et sombre dans l’indifférence, cette deuxième mort ; soit ses fidèles perpétuent sa parole, en l’archivant (sans la cloisonner) et en la restituant dans sa palpitante présence. Car les mots des poètes, eux, ne vieillissent jamais.Les mots d’Izoard sur Liège sont Légia, pardon, légion… Il faut l’avoir vu se figer entre chien et loup, au milieu de la glauque rue Haute-Sauvenière, et frapper du pied le rebord du trottoir en disant, mi-narquois mi-docte : « Vois-tu, ces blocs-là, c’est du porphyre rouge, c’est le seul endroit de la ville où on peut en trouver… » ; il faut l’avoir croisé sur les pavés les plus périlleux, s’engouffrant…


Le Carnet et les Instants

Empruntant son pseudonyme au col mythique des Hautes-Alpes qu’il a gravi, à 20 ans, lors d’un périple à travers l’Europe, Jacques Izoard, né Delmotte, a très tôt pris conscience de la jouissance des cimes et des poèmes. Car on peut dire d’emblée que l’auteur de La Patrie empaillée (Grasset, 1973) aura voué sa vie à traduire en poésie cette pleine matière du réel qui fonde et façonne son écriture, toute corporelle. Un acte poétique en quelque sorte existentiel et sensoriel, fait de « chair de poète », comme le rappelle, avec pertinence, Gérald Purnelle, dans l’appareil critique qui accompagne l’anthologie récemment parue dans la collection Espace Nord et dont le titre J’apprenais à écrire, à être résume à lui seul l’ancrage-Izoard.C’est qu’au-delà…