Ici un paysage


RÉSUMÉ

« Si c’était un film, il serait truffé de longs plans fixes parfois un long travelling ou un plan rapproché sur un détail (son sac, une mèche de cheveux, sa main sur le changement de vitesse, la valise éventrée sur le lit, les frondaisons des arbres à travers les baies vitrées) pas de voix off, surtout pas. Beaucoup de silence, les bruits de la maison, de la rivière, les rires des enfants, des touristes, le ronronnement saccadé d’une bétaillère passant sur le pont, les cloches de l’église, un volet qui claque, la rumeur du marché, de la brocante, des badauds commentant la procession. » Aliénor Debrocq signe ici un objet littéraire rare, sensoriel, qui lorgne du côté de Rohmer et de Michon mais avec un regard, des préoccupations une approche qui n’appartiennent qu’à elle. Ici un paysage est un livre qui se traverse. Dès la première phrase, nous sommes dépaysés, sortis de nos habitudes de lecture : « Il y aurait la voiture de location. » Tout vient de là, de ce conditionnel qui dit si bien ce qu’est la littérature : une étude des possibles, une étude du passé et des silences plantés aux quatre coins du monde afin de le comprendre mieux. Ainsi pourrait se résumer le programme de l’héroïne, débarqué dans la Creuse dans sa Fiat de location pour sonder la mémoire des sites industriels et, espère-t-elle, en percer l’un ou l’autre secret. Il est là, le tour de force de cet opus : mêler dans un même souffle poésie et enquête sociologique, souci d’exactitude et voyage au-delà des apparences comme si, à écouter le paysage, commençait la vraie aventure, celle de tous les possibles et des apparitions les plus étranges, telle la vulve-champignon d’une dénommée madame Michaud.





NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Elle a quitté Paris pour les bassins houillers de la Creuse, happée par un devoir de mémoire. Elle a délaissé son dix-huitième arrondissement pour préserver l’Histoire, recenser, sauver, sortir de l’ombre le passé commun de Lavaveix-les-Mines, « une ouverture vers un monde de silence et paix, loin des tentations et des perversions urbaines ». De sa Fiat 500 de location, son point de fuite se précisera : « Lavaveix : son improbable Musée du Chat aux portes closes, sa grand-rue passante, son Proxi à la devanture défraîchie, son ancienne école transformée en salle d’exposition et, surtout, ses pompes à essence abandonnées, vestiges d’une Route 66 locale – la départementale 942, qui mènerait de Felletin à Guéret. ». Elle arpente les intrigues…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:paysage route - "Ici un paysage"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Vert atlantique

Fidèle désormais aux éditions fDeville puisque ce Vert atlantique constitue le troisième livre qu’il publie…

Privé : Oublier Djô

Mon oncle, quand tu liras ceci je serai déjà loin. N’essaie pas de me retrouver.…

Quand j’étais petit, les cosmonautes vivaient aussi longtemps que les chênes

Un homme, dont on devine le grand âge, entreprend un périple d’Anvers à Venise en train. Il a parsemé le parcours d’étapes amicales au cours desquelles il prendra le temps des retrouvailles avant de continuer sa route. De ce pèlerinage, on aura vite compris que l’effet recherché est de savourer l’instant présent. Le voyageur scrute les paysages qui défilent et cueille les images furtives quoi s’offrent à lui. Il en est de même des êtres qu’il croise et sa disponibilité lui vaut une belle galerie de rencontres éphémères mais toujours placées sous le signe de l’étonnement positif. À Luneville, la première de ses étapes, il retrouve Martin, jeune travailleur social actif dans un service pour handicapés mentaux. Avec lui, il observe les résidents et explore les surprises de l’altérité. Non sans passer de bons moments à table en compagnie de mets et flacons dignes d’un dernier repas, rituel constant des étapes amicales.  Le train le conduit ensuite au bord du lac de Constance auprès d’Anton, avec qui il devise de cinéma et de littérature. Puis à Matrei am Brenner, village tyrolien où l’attend Louise, une anthropologue à la retraite avec qui il scrute les cultures multiples du monde. Suit encore Vérone, où vit Mirek, un historien de l’art polonais avec qui il revisite les œuvres qui les ont touchés.  À chaque fois, la même magie joue. L’ami est une personne dont la compagnie réveille des souvenirs mais surtout avec qui se déroulent les rubans d’un patrimoine européen inépuisable, démarche faite de découvertes et d’émotions, de bouleversements tout à la fois intimes et partagés, bribes d’un trésor collectif. Le prisme varié des rencontres, qui touchent à différentes facettes du savoir, décuple les approches sans les hiérarchiser, offrant un kaléidoscope aux combinaisons infinies.À Venise, où il a prévu de passer du temps seul face à lui-même, une rencontre ultime l’attend, imprévue celle-là. Comme il est prêt à en saisir la chance, elle ne sera pas moins riche que les autres, que du contraire. À telle enseigne que ce voyage, qui pourrait être le dernier, est tout sauf un adieu. La présence au monde de cet homme est à son maximum : il aborde les choses avec une sagesse positive qu’on lui envie, sans renoncer en rien à ses rêves d’enfant, avec un art subtil de prendre le meilleur sans le pire.Au terme de ce périple narré en termes élégants qui célèbre la culture partagée par-delà les diversités d’âge, d’origine et de formation, on se prend, sans que la chose soit nommée, à mesurer une des chances de l’Europe, celle qui permet aux gens de circuler, d’échanger sans entrave…