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Je te vois, et toi ?

Parfois, tu t’arrêtes en ville, tu te poses sur une place et soudain, tu vois tout… Le temps d’une journée, tu vois tout ce qui se passe, tu vois tous ceux qui passent. Une vieille dame, un homme qui a peur, une petite fille, un chien, un poisson. La vie. Un livre plein de chaleur, un livre où on va et vient, où on se croise et se rencontre.…

Rougejaunenoireblanche

S'il est un seul livre à se procurer le plus rapidement possible, c'est bien celui-là. Précipitez-vous sur ce RougeJauneNoireBlanche, signé Brigitte Minne et Carll Cneut aux éditions Pastel. C'est une merveille. Nous connaissions le travail d'écriture de Brigitte Minne et les images de Carll Cneut depuis La Fée Sorcière paru il y a deux ans. Déjà, une grande sensibilité se dégageait de cet ouvrage, comme si ces deux auteurs flamands avaient tout compris, depuis longtemps ou depuis toujours, de l'univers enfantin. Et nous espérions intimement revoir ce beau travail. Enfin Pastel nous propose la version française d'un nouvel album (si vous ne connaissez pas le reste du travail de ces deux artistes, vous pouvez consulter les pages de l'éditeur belge De Eenhoorn - www.eenhoorn.be - l'un des plus beaux catalogues de livres d'images en Europe) et il nous émerveille. Car ici tout semble s'enchaîner avec la force de l'évidence, le texte comme les images, le conte comme le trait. A un texte court, simple et familier, répondent de superbes illustrations pleine page, dans les mêmes tons que le titre. Sorties de nulle part, voici quatre petites filles (dont le trait des visages semble apparemment effacé), au jardin d'enfants, d'abord perchées sur une branche, puis bientôt dans un arbre. Comme suspendues dans les airs, elles jouent ensemble et ont construit une cabane. Tout se déroule pour le mieux dans cet univers merveilleux, jusqu'au jour où, la petite fille Rouge, certaine de son ascendant, commence à donner des ordres à ses amies de jeux. Dorénavant, un seul principe, la cabane est à Rouge et ses camarades doivent s'exécuter aux taches qu'elle prescrit. Jaune, Noire et Blanche la regardent d'abord incrédules, participent encore au jeu, puis se rebellent. Noire en une terrible colère s'échappe de ce carcan, bientôt suivie par ses deux amies. Elles construiront un bateau. Rouge se retrouve seule dans sa cabane. Elle apprendra bien vite qu'il est nécessaire de partager pour mieux communiquer... Les images de Carll Cneut sont comme autant de résonance de cette histoire d'amitié et de partage. Sur fond ocre, Carll Cneut revisite les classiques pour mieux se les approprier. L'illustrateur joue avec le détail des robes comme avec la matière, ignore les proportions pour mieux introduire le mouvement du vent. Carll Cneut est un grand artiste, à chaque illustration, il nous laisse entrevoir un univers enfantin et surréaliste, sans jamais négliger l'anecdote, et nous fait traverser la palette des sentiments. Un livre universel contre tous les petits chefs et surtout pour l'amitié, sans différence de couleurs, de races…

L'oie et son frère

Les travers des hommes vus par deux oies ! Ce recueil rassemble 45 histoires courtes, des histoires animalières et philosophiques pour jeunes adolescents.  Les récits ont pour cadre une ferme appartenant à une paysanne, où l’oie et son frère mènent une vie tranquille en compagnie de moutons, de dindons et d’un chien. Contrairement aux autres animaux qui prennent plutôt la vie comme elle vientLire la suite Comme Laurel et Hardy ou Sancho et Don Quichotte, Oie et son frère perpétuent la tradition du duo de choc et de charme. Ils raisonnent sur tout – la vie, la mort, les autres, le langage – et cela résonne en nous très joyeusement. Le chapitre inaugural de ce roman constitué de courtes saynètes commence par un dilemme. Quand on est une oie faut-il partir ou non à Vila do Bispo, au Portugal ? Pour quoi faire ? Ou plutôt rester à la ferme ? L’alternative illustrée par la perspective d’un « oignon dans le derrière » mérite d’y réfléchir. Le mouton, « petit tonneau poilu » « au goût de menthe » pourrait-il aider à trouver la réponse ? Car partir c’est être fidèle à sa famille, celle des oies migratrices ; rester, c’est être fidèle à ses amis, le dindon, le mouton, le chien. Finalement, ils vont partir, mais pas trop loin, dans le froid et l’inconfort. « Mourir c’est être couché à la dure », proclame l’un des chapitres mais à deux, on fait société et on se tient chaud ! Solidarité est un des mots-clés de ces histoires accompagnées de jeux sur la langue. L’oie blanche, la sœur, l’innocente, est angoissée, elle regarde le ciel, et se pose des questions sur « fini, plein, entier » ; elle s’interroge sur la forme des vols d’oies ; elle « claudique d’une pensée à l’autre » et on la voit se dandiner jusqu’à la souffrance. Il arrive aussi que son cœur « bamboume » par amour pour la fermière. Est-ce raisonnable ? Elle peut encore parler d’une voix « raboteuse » qui fait mal. Toute question d’identité lui est douloureuse, comme « pourquoi on mange de l’herbe ? ». L’auteur joue avec les expressions, registres de langage : « Si le clignement de ses yeux émettait un son, ça l’arrangerait. Sa sœur comprendrait tout de suite que sa question l’enquiquine. » Le silence lui-même engendre une comédie du langage : entre les deux oiseaux, aucune parole, et cela dure, dure, dure ! Les animaux s’inquiètent, le silence est insupportable, la tension enfle et s’achève en éclat de rire. Le lecteur doit décrypter des mystères. Par exemple, le rat est mort, tous se sentent un peu coupables. Ils anticipent la peine de la fermière. C’est elle qui lui a tendrement donné des bonbons roses en disant « viens mon petit rat, viens ! ». Doubles sens, sous-entendus, non-dits font tout le sel de la conversation entre animaux. Ils se rient des humains représentés par la fermière à petit chignon, croquée par Gerda Dendooven. Cette philosophie existentielle est désopilante et l’humour froid, volontaire ou non, des deux volatiles nous renvoie aux échanges de Vlad et Estragon dans En attendant Godot. Les adultes liront toutes les saynètes de Bart Moeyaert comme des préliminaires à d’autres lectures savantes. 45 historiettes et autant de raisons de réfléchir, rire, sourire, s’interroger, tour à tour ou tout ensemble grâce au pouvoir de l’écriture, un rire ou « un soupir de rien qui change le monde » (p.156). De supers moments de lecture pour…